45 partenaires du secteur agricole se sont structurés en association au niveau national, pour collectivement recenser les solutions alternatives aux produits phytosanitaires, accélérer leur déploiement et permettre de concilier transition agroécologique avec une protection des cultures efficace et économiquement viable. A l’initiative de la FDSEA 29, le Finistère est un des 15 départements pilotes de ce Contrat de Solutions : plusieurs évènements de communication sont ainsi organisés depuis 3 ans avec les acteurs R&D du territoire pour valoriser les trajectoires de progrès identifiées et engagées dans les différentes filières. Retour sur la journée de présentation des innovations pour les cultures légumières organisée le 26 mai 2023 au Caté.
Une dynamique collective pour déployer les innovations
Le secteur agricole relève le défi et devient acteur de la transition pour faire face aux enjeux actuels liés à la réduction des produits phytopharmaceutiques ou « pesticides ». Il souhaite répondre aux attentes des consommateurs et des citoyens en ce qui concerne l’alimentation, tout en anticipant les interdictions brutales sans solution alternative pour les agriculteurs.
De plus en plus de méthodes alternatives aux pesticides se développent. Pour autant, les agriculteurs ne disposent pas encore de solutions pour toutes les problématiques rencontrées dans leurs exploitations et doivent être accompagnés pour déployer/combiner ces innovations.
Au niveau national, la profession agricole au travers de 45 partenaires s’est rassemblée pour devenir force de propositions et de solutions concrètes, efficaces et durables, sur la problématique de la protection des cultures. L’association Contrat de solutions, est née en 2019 et a pour objectif d’accompagner le monde agricole dans cette transition tout en s’assurant de la pérennité des exploitations.
Inventaire des solutions existantes
Le Contrat de solutions réalise un inventaire des solutions alternatives existantes et permet de mettre en réseau les acteurs clefs de la transition agroécologique. Cet inventaire porte sur l’ensemble des leviers qui permettront de réduire l’utilisation et l’impact des produits phytosanitaires : les pratiques agronomiques, l’amélioration des plantes (génétique), l’agriculture numérique, la robotique et agroéquipement, le biocontrôle, les démarches de filière et de territoire.
Actuellement, sur l’ensemble des productions végétales, 110 fiches solutions ont été inventoriées
Chaque fiche solution est réalisée sur le même modèle par un collectif d’experts (fournisseurs de solutions, instituts techniques agricoles, acteurs de conseil, recherche publique, …) ce qui lui donne une réelle crédibilité. Elle analyse en globalité la solution afin d’apporter des clefs de choix pour faciliter son adoption comme le déploiement actuel et futur, l’efficacité pour réduire l’utilisation ou l’impact des produits phytosanitaires, impact sur l’environnement et la santé, conditions de mise en œuvre, coût… Enfin, elle comporte les engagements des partenaires pour favoriser son déploiement.
Instrument de dialogue avec la société civile et les décideurs politiques
Aujourd’hui, grâce à la compilation de ces fiches et des indicateurs de leur déploiement, le Contrat de solutions montre que le monde agricole a déjà largement entamé sa transition pour réduire l’utilisation et l’impact des produits phytosanitaires en France.
C’est dans cet esprit de communication positive que la FDSEA, a positionné le Finistère en département pilote pour le déploiement de cette démarche. Il s’agissait de donner l’opportunité aux acteurs R&D de témoigner très concrètement de l’état d’avancement de leurs travaux, avec certes de nombreuses solutions à transposer aux champs, mais aussi des impasses sur lesquelles rien n’est encore acquis. L’un des objectifs était aussi de sensibiliser les politiques, l’administration, et toute la société civile sur l’impérieuse nécessité d’anticiper des solutions pour éviter les impasses techniques, les distorsions de concurrence voire l’arrêt à très court terme de certaines productions !
Après 2 précédentes éditions organisées pour les filières pommes de terre et grandes cultures, les décideurs politiques ont été invités à une 3ème demi-journée dédiée aux filières légumes plein champ / sous abris, organisée le 26 mai 2023, en partenariat avec la FDSEA, le Caté, Vegenov, l’Organisation Bretonne de Sélection, la Chambre d’agriculture du Finistère, le CERAFEL. Une cinquantaine de participants (élus, représentants des collectivités, journalistes, enseignants…) ont pu assister à des ateliers tournants et à une table ronde, avec le témoignage d’agriculteurs, d’ingénieurs, d’élus politiques et de représentants de l’administration.
Invitation à découvrir les avancées… avec aussi les écueils
Le premier atelier concernait les variétés innovantes. David Esnault de l’OBS a présenté le long processus de création d’une variété et l’importance de l’implication des producteurs dans les objectifs des travaux de sélection. Myriam Abgrall du Caté a détaillé les dispositifs d’évaluation des variétés dans les essais en stations expérimentales et dans les réseaux multilocaux comme le B2 pour le chou-fleur.
Dans un second atelier, Aurélie Le Goff-Prat du Caté et Claudie Monot de Vegenov ont présenté les travaux du laboratoire au champ pour substituer un fongicide par le vinaigre pour gérer la fusariose de l’échalote (projet Vinaigrette).
Ronan Saliou, producteur de tomate et de fraise et référent à SAVEOL NATURE a illustré les progrès apportés par la PBI pour les productions sous abris. Jean-Michel Collet du CTIFL/Caté a évoqué les écueils dans les expérimentations avec des lâchers d’auxiliaires pour gérer les ravageurs des cultures de plein de champs. Damien Penguilly a rappelé la nécessité de proposer des solutions efficaces (et non avec des efficacités partielles) pour gérer les pucerons des cultures légumières comme la salade ou l’endive.
Alain Guillou du Caté a évoqué les travaux de la station expérimentale concernant les économies d’énergie pour les cultures légumières sous abris avec notamment essai de culture de tomate sans chauffage.
Marie Turner de Vegenov a ensuite illustré quelques innovations comme le captage de spores couplé avec une quantification moléculaire afin de détecter précocement les maladies et d’améliorer l’avertissement agricole. Myriam Abgrall a présenté les travaux sur chou-fleur concernant l’adaptation climatique à travers l’évaluation du système racinaire des variétés (travaux Climatveg).
Enfin, Anthony Brûlé de la Chambre Régionale d’agriculture de Bretagne, à partir d’une enquête récente, a présenté les principaux déterminants sociologiques pour le changement des pratiques en matière de gestion de l’enherbement.
Continuer à soutenir la recherche concrète et transférable
La journée s’est ensuite poursuivie par une table ronde sur des regards croisés sur la valorisation et la diffusion des trajectoires de progrès engagées en productions légumières. Animée par Jean-Alain Divanac’h, la table ronde associait Jean-Denis Crenn (Président du Caté), Bernard Le Saint (CRAB), Marc Kerangueven (Président du CERAFEL), Arnaud Lécuyer (Vice-Président agriculture, agroalimentaire et alimentation à la Région Bretagne) et Maël de Calan (Président du Conseil Départemental du Finistère). Les participants a évoqué les travaux concrets engagés par les acteurs de la R&D. Ils ont insisté sur l’importance de soutenir les activités de recherche et d’expérimentation locales de solutions concrètes pour qu’elles soient transférables dans les exploitations en limitant les prises de risque… Des actions au service des producteurs, des filières et de notre territoire.